Les Montagnes du Phoenix

Située bien au Nord-Est, cette région est connue pour sa beauté géographique. Bien que évidemment peuplée, le site n'est pas forcément connu. Pourtant le commerce y est florissant. Au milieu du lac Tyrius, se dresse la ville-mère de la région.

Capitale économique, culturelle, et militaire, cette cité abrite un pouvoir à ne pas négliger. Liannara n'a pas encore étendu son emprise sur cette région. Enfin en apparence...



Les caravanes marchandes sont sans aucun doute la meilleur façon de s'infiltrer parmi les murs protecteurs. Mais attention! Un laissez-passer est nécessaire pour pénétrer en ville. Sans quoi les marchands restent sur la place mercantile , juste devant l'imposante Citadelle...

C'est ici que nous retrouverons notre ami Quhnae dans quatre jours...

Le garde se tourna vers le nouvel arrivant. L'escouade des portes s'étaient rassemblée.

"Soldats, fouiller les!"

Après une fouille des plus suspicieuses, le capitaine se tourna vers le messager.

"Oui votre troupe a été annoncée, messager. Je suis désolé. Vous devez quand même me montrer votre laisser-passer. Après vous pourrez franchir les portes et aller vous présenter au palais du Roi Lënmoth. Vous aurez votre audience seulement avec ce papier. ce sont les règles de la porte. Sinon vous êtes prié de regagner votre comptoir marchand."

Le soldat attendit pour recevoir le papier officiel d'autorisation.

Le messager s'était soumis à la fouille de bonne grâce. Les gardes étaient méfiants à cause des rumeurs de guerre. Lorsque le garde lui avait demandé un laisser-passer, le messager lui expliqua :

Je ne désire pas entrer, capitaine. Juste annoncer que le commandeur est en ville, et qu'il attend une audience avec le roi.
Il viendra dès que cela sera le bon plaisir de Sa Majesté.

Le capitaine posa les yeux sur le messager.

"Votre Commandeur pourra se diriger vers le palais pour son audience, après avoir montré son laisser-passer. Nous avons reçu des ordres concernant votre groupe. Le Roi vous attend. Mais le papier officiel a du être remis à votre Commandeur.
N'oubliez pas de lui dire de le montrer aux gardes du palais pour qu'ils le laissent entrer."

Le messager remercia le capitaine.

" Vous dites que ce document a été remis au comptoir de Baq i Kawten ? Ou dois-je accomplir une procédure pour l'obtenir ?"

"le papier a dû être remis aux membres de votre comptoir", répondit le capitaine

Le messager s'en alla satisfait.

Quelques temps plus tard, la suite du commandeur Qunhae se présenta. Elle était composé du Chef de comptoir, assez connu des gardes de la ville, d'une dizaine de gardes armés d'arbalètes, de deux érudits , d'un inventeur, de Tom, le jeune orphelin soléandrin, et de deux élémentaires qui portaient une litière, dans laquelle était assis le commandeur.

Le chef de comptoir salua le capitaine de la garde.

"Le commandeur est prêt à se rendre à son audience. Les gardes resteront ici pour l'attendre, nous faisons confiance à vos hommes pour assurer sa sécurité dans l'enceinte."
"Il demande à être accompagné de ses deux porteurs, ses trois conseillers, et son jeune protégé."

"Voici les laisser-passer que le palais nous a transmis", acheva-t-il en tendant les documents au garde.

Le capitaine regarda la suite.
"Nos ordres sont clairs. Les gardes attendront ici, aux portes. Ils n'ont même pas le droit de pénétrer dans l'enceinte de la Citadelle. Le papier ne permet qu'au dit marchand de pénétrer dans l'enceinte. Vous ne pouvez passer qu'avec trois de vos amis."

Le capitaine regarda Tom.

"Les enfants ne sont pas admis dans la citadelle, pas plus que les conseillers d'ailleurs."

Avant que le soldat n'est ajouté un autre mot, un cavalier emmitouflé dans une cape, apparut au galop et lança un parchemin enroulé au Capitaine. La silhouette disparut aussi vite qu'elle était apparue.

Le capitaine lut le message avec un air surpris.

"Vous pouvez passer. Tous, sauf vos soldats personnels. Le Roi vous attend. Montrez votre laissez-passer aux gardes de la Porte de la Citadelle."

Les soldats ouvrirent les larges portes menant au coeur de la Cité-Mère...

Le chef de comptoir s'inclina très bas.

"Comme je vous l'ai dit, il n'a jamais été question de faire rentrer des gardes étrangers dans la ville. Ce serai une insulte faite au roi Lënmoth que de laisser penser que le commandeur pourrai être en danger dans son domaine.
Nous sommes reconnaissants à Sa Majesté de laisser entrer la suite du commandeur. "

Le commandeur, ses deux serviteurs élémentaires et ses quatre compagnons passèrent les portes. Le chef de comptoir reparti vers l'hôtel particulier de Baq i Kawten, et les gardes resyèrent derrières les portes. Ils sortirent des dés et commencèrent à jouer pour faire passer le temps.

Le groupe de Baqiens arriva à la porte de la citadelle. L'inventeur s'avança, et donna les laisser-passer aux nouveaux gardes.

Le commandeur Qunhae de Baq i Kawten sollicite une audience auprès du roi Lënmoth d'Orphilésys.

Les gardes aux armures d'or ne dirent pas un mot. Ils activèrent les lourd battants. Les deux grandes portes de la Citadelle s'ouvrirent sur un long corridor à l'architecture magnifique.

La suite s'engagea alors. Arrivés vers une autre porte, les gardes de celle-ci regardèrent les nouveaux arrivants.
Un conseiller royal leur fit signe d'entrer dans la salle du Trône.

Le roi attendait là, sur son trône d'ivoire. Le conseiller prit la parole après une révérence.

"Le Commandeur Quhnae de Baq I kawten, votre Excellence."

Le Roi posa ses yeux sur les personnes, arrivées.

"Qu'on apporte une chaise pour le Commandeur, afin qu'il puisse m'exposer l'objet de sa venue avec de plus grandes précisions."

Une chaise finement ouvragée fut posée face au trône. Les gardes restaient en retrait. Le moment viendrait bientôt où Quhnae prendrait la parole.

Le commandeur Gnome fit signe à ses serviteurs et conseillers de se tenir en retrait. Il remercia le roi de son attention, et s'assis face au souverain.

"Majesté, je viens à vous en temps que plénipotentiaire de la commanderie marchande de Baq i Kawten, et de la Sainte Cité de Soléandre."

"En tant que représentant de Baq i Kawten, je vous transmet que le Conseil Souverain a entendu des rumeurs de guerre. Le Royaume des Arbres Chantant a subit de violentes attaques. Baq i Kawten désire aider à préserver la paix, la liberté et la prospérité."

"En tant que représentant de Soléandre, je vous transmet que la Sainte Cité a également subit des attaques. Pour la première fois depuis le temps du Fléau, des troupes ennemies ont passées son enceinte animées d'une intention hostile."

La Sainte Cité ne doit pas faire ingérence dans les affaires des Empires Souverains. Mais en échange, les habitants de ce Monde sans Nom ont reçu comme Ordre du Créateur de respecter son intégrité. C'est pour faire respecter cette Première Loi et rétablir l'équilibre rompu que je viens à vous. J'ai pour mission de rétablir ce qui a été brisé."

"Le nom de celui que je recherche est Gabriel. J'ai eu un contact avec lui, il y a quelques jours. Il est sincère et il se croit animé d'une mission divine, mais son ignorance et sa violence ont déjà brisé plusieurs fois l'équilibre de la Création. S'il continue à fuir ses actes, il va tous nous entrainer dans l'abîme."
C'est pour cela que je requiert votre aide et vos lumières."

Le roi resta dans le silence pendant de longues secondes. Un émissaire de la Sainte-Cité. Son visage s'était bardé de lourds traits évoquant la colère, chaque fois que le nom de Son oeuvre était prononcé.

"Mon aide?Soléandre veut mon aide?Où était Soléandre quand nos ennemis nous ont encerclés? Où était Soléandre quand l'Hirtylias est tombé?Où était Soléandre quand nos armées ont été brisées? Où était Soléandre quand..."

Le Roi s'interrompit. Son éclat de fureur avait plongé la salle dans le silence.Il se rassit et tenta de se calmer.

"Non maître Gnome. Soléandre ne doit certainement pas avoir besoin de l'aide d'une cité comme la nôtre.
En revanche, je suis au courant pour Edhilmar. Cela doit être fâcheux mais je n'y peux rien. Ces elfes en s'isolant, ont choisi leur destin."

Le Souverain marqua une nouvelle pause.

"Je ne connais pas de Gabriel.Je n'ai jamais entendu parler d'une telle personne."

Le visage du Monarque se fit plus dur.

"Il y a un point noir dans votre histoire. Pourquoi êtes-vous venus en Tyrius? Vous avez vous même reconnu que vous n'avez pas hésité sur la destination à choisir dans votre... chasse..."

Qunhae ne répondit pas à la colère du Roi. Jadis, il avait ressenti aussi, cette colère face à l'inaction de la Sainte Cité dans les guerres multiples qui ravageaient ce Monde sans Nom. Il était venu vers la Cité, y avait vécu longtemps. Il s'était perdu dans les multiples complots qui la traversaient.
Il était devenu un maître de la tromperie. Peu avant son départ, il avait menti à Kilak, le conseiller aux cultes, sur les occupants du Sanctuaire. Il essayait de se convaincre qu'il avait agit pour le bien de Soléandre. Mais, au fond de lui, il avait la conviction que la cité se serai bien mieux portée si il avait dit la vérité. I Coivë aurait été tué. La paix rétablie. Mais lui, Qunhae, petit Gnome de Baq i Kawten aurait perdu une parcelle de son précieux pouvoir au profit d'Arbros.

Ses entretiens avec Tom, pendant le voyage, lui avaient ouvert les yeux. Il avait découvert qu'il était devenu aussi corrompu que la Cité qu'il prétendait purifier.

La Cité devait rester en dehors des affaires du Monde. Elle avait été instituée au centre de la Création, comme le pilier de celle-ci. Son pouvoir était bien supérieur à tout ce qu'on pouvait imaginer. La déesse Astarok elle-même n'avait pas osé défier, ni même s'approprier ce pouvoir tout puissant par peur d'être détruite par lui. Personne ne pouvait vaincre Soléandre, et c'était pour cela que Soléandre devait rester loin de tout conflit.

Mais Qunhae avait bien conscience que ces pensées n'avaient rien pour réconforter un roi qui craignait pour son peuple. Aussi les garda-t-il pour lui.

Il répondit doucement :

" Je comprends votre colère, votre majesté, et je comprend que vous ne vouliez rien avoir à faire avec la Cité. Mais peut-être accepterez vous d'aider un commandeur qui se bat, tout comme vous, pour la paix ?"

"Celui que je cherche est mêlé aux guerres qui vous troublent. Il commande l'une des factions, bien que je n'ai pas compris laquelle. J'ai la conviction que le retrouver pourrai permettre comprendre les tenants et les aboutissants de ce conflit, en plus de rétablir la justice qui fut bafouée par lui."

Après avoir commis son forfait, il s'est réfugié dans le Sanctuaire de Nyarlathotep, puis il est reparti. Un adorateur du Créateur dit l'avoir vu. Je ne pouvais pas le faire arrêter pour interrogatoire sans souiller un lieu sacré, aussi ai-je dû le croire sur parole, quand il m'a envoyé ici.
Il se fait appeler I Coivë, ou L'Eveillé, en langage commun.

Peut-être y a-t-il en Tyrius des adorateurs du Créateur ? C'est une espèce assez rare. Ils doivent tous se connaître entre eux.

e Roi resta de marbre devant l'évocation du nom maudit, ici en Tyrius de I Coivë. Ainsi tout se dévoilait. C'était lui, le plus grand adversaire des Ténèbres qui avait envoyé ce gnome gênant. Là sur une des places forte de l'impérium des Millénaires, gouvernée par les Immortels du Millénium.

Gabriel s'était servi des déchus pour récupérer les indices. Il avait devancé les plans de Liannara, en l'empêchant de réunir les clés. Gabriel avait pénétré ce fruit pourri par les intrigues, qu'était Soléandre.
Apparemment les défenseurs l'avaient pris pour un ennemi. Grand bien leur fasse.
Malgré l'ingéniosité de Gabriel, il semblait que la balance se rééquilibrait en faveur des déchus. Parfait. Ce gnome par sa naïveté allait les aider à accomplir un travail.

Lënmoth repris la parole.

"Vos explications sont déjà plus claires. Maintenir la paix. Oui c'est sans aucun doute un de nos objectifs. Mais avec la Guerre qui approche, cette conviction va être mise à l'épreuve.
La description que vous me faites me parle. J'ai entendu parler d'une personne qui a mené des anges m'a-t-on dit, face aux murs de la Sainte Cité.

Vous dite qu'un homme vous a envoyé ici? A quoi ressemblait son visage?
Quant à ce Gabriel je ne crains qu'il soit là. Mais je vais vous aider. Je vais mettre sa tête à prix. Ou plutôt comme il a mit la justice de ce monde en péril, je vais ordonner qu'on l'abatte à vue.

Avec la guerre qui arrive on ne peut se permettre d'avoir un tel ennemi dans nos pattes."

Le souverain se repositionna sur son trône. Il posa les yeux sur le jeune enfant. Le monarque comprit d'où venait le gamin.

Lorsque le Roi posa les yeux sur lui, Tom se sentit inexplicablement mal à l'aise, et se recula pour se mettre sous la protection des serviteurs de Qunhae.

Le commandeur Gnome n'avait rien remarqué. Il réfléchissait. A première vue, il semblait qu'il avait été trompé par i Coivë. Mais l'idôlatre n'avait pas semblé idiot. Il devait se douter que Qunhae mettrait ses menaces à exécutions, qu'il ferait raser le Sanctuaire auquel il semblait tant tenir sans l'ombre d'un remord si il mentait.

De plus, le roi était trop complaisant pour un homme qui n'aimait pas Soléandre. Il avait décidé trop vite la mort de quelqu'un qu'il prétendait ne pas connaître. Qunhae aimait qu'on lui résiste. L'aide gratuite et désintéressée lui paraissait suspecte. La logique aurai voulu que ce roi se plaigne de la dureté des temps, de la difficulté de traquer un criminel en temps de guerre. Le Gnome était l'envoyé plénipotentiaire de deux puissances majeures. Habituellement, on extorque des promesses aux plénipotentiaires, on ne leur faisait pas des cadeaux.

Si Qunhae avait été à la place de ce roi, il aurai exigé que Soléandre et Baq i Kawten prennent en charge la totalité des coûts de la traque.
Quelque chose ne tournait pas rond.

"Nous vous sommes extrêmement reconnaissant de votre bonté, majesté, et nous vous assurons que Soléandre et Baq i Kawten vous récompenseront grandement si vous soumettiez cet ange à la justice des dieux. Plus encore si vous le soumettiez à la justice de Soléandre."

Qunhae décida qu'il devait agir dans un premier temps comme si i Coivë lui avait dit la vérité. Après tout, il aurai le temps pour la vengeance plus tard si il se trompait.
Si l'Eveillé disait vrai, alors le roi mentait. Ou on mentait au roi. Ce qui revenait au même pour le commandeur Gnome.

"Je n'ai que mal vu l'homme du Sanctuaire. Ce n'était qu'un religieux quelconque et inoffensif. Il n'avait guère d'intérêt", dit Qunhae en pensant que si le roi mentait, i Coivë était peut-être plus important qu'il n'avait semblé. Il se félicita d'avoir laissé du monde au Sanctuaire. "En revanche, Gabriel est une pièce essentielle dans cette affaire. Puis-je savoir qui vous en a parlé ?"

Le Roi se tourna vers le gnome.

"Je croyais que vous demandiez de l'aide pour vous Commandeur. Au nom de Baq I kawten.
Et maintenant vous me parlez de faire une faveur à Soléandre? Dans ce cas vous paierez la totalité des frais de la campagne que je vais mener pour traquer cet individu, ce Gabriel.

Je veux aussi une indemnisation d'environ 1 milliards de gvos, payée d'avance pour les soldats que je vais engager dans cette affaire. Vous livrerez aussi en nourriture les troupes que j'engagerai pour vous.

Enfin parce que c'est Soléandre qui héritera de la créature, je demande un tribut de 4 milliards de gvos. Ce n'est pas parce que c'est un pays propspère ici que je peux tolérer les exigences de la soit-disante Cité.

Bien sûr devant un tel paiement je peux vous assurer que le travail sera de qualité.Mes seigneurs voisins nous aiderons dans cet affaire.Bien sûr, on peut s'attendre à une augmentation puisque vous voulez l'ange vivant. Vous payerez la moitié d'avance. C'est non négociable.

Quant à comment j'ai su pour Gabriel, c'est simple. Tout s'achète quand on a les moyens. Les informations circulent vite. Vous devriez pouvoir le comprendre puisque vous vous situez parmi les puissances financières de ce Monde."

Le Roi ignora Tom. Le gamin avait l'odeur de ceux qui avaient servi Armélia. Que c'était désagréable...

Décidémment ce roi était sérieusement lunatique. Il passait d'une opinion à une autre à une vitesse proprement ahurissante. Qunhae aimait de moins en moins la tournure de cette négociation.

Le commandeur Gnome décida de poursuivre son hypothèse. Admettant que I Coivë ai été assez intelligent pour ne pas lui mentir, il fallait admettre qu'il y avait des informations sur Gabriel ici. Et les efforts que faisait le Roi pour se composer un rôle et paraitre ignorant étant trop visible, il devait savoir quelque chose.

Bon, la première chose à faire, c'était de ne pas s'engager inconsidérément. Jusqu'ici, Qunhae n'avait fait que des déclarations de principe en faveur de la paix. Il n'avait pas l'intention de s'engager davantage sans garanties de résultats.

Il décida d'attirer la confiance de son interlocuteur. Il répondit donc sur le ton de la conversation amicale avec un sourire complice :

" Les termes "je vais vous aider" semblent avoir un sens extrèmement onéreux dans ces contrées, majesté." Le roi devait avoir réalisé qu'il était allé trop loin en passant sans transition de l'aide gratuite à la négociation musclée. Je ne demande pas d'aide pour Soléandre, mais pour ce monde sans Nom. Gabriel, comme je vous l'ai dit, est impliqué dans les guerres qui vous affectent. Le retrouver permettrai de prendre un avantage dans ces guerres. Le retrouver vivant et pouvoir l'interroger nous donnerait un avantage encore plus conséquent.

Après une courte réflexion, Qunhae décida de tirer parti de la négociation. Le roi n'était visiblement pas à l'aise, il était tout à fait gnomique d'en profiter.

"Maintenant, si vous désirez que Baq i Kawten prenne en charge les recherches, ce sera tout à fait possible si vous me donnez les pouvoirs et accès qui vont avec. Je ne vous avais pas proposé cette solution, parce qu'elle signifiait mettre sous ma tutelle toute votre administration policière. Mais si vous acceptez de nous faire cette faveur, nous la paierons bien.

Mais Qunhae ne voyait pas d'intérêt à placer ses agents dans ce pays perdu pour l'instant, aussi proposa-t-il au roi une porte de sortie.

En vérité, je ne désirais que m'entretenir avec vos sources pour conduire moi-même cette traque. Vous comprenez qu'il n'y a guère d'intérêt à placer un vaste filet en Tyrius sans garantie que mon poisson s'y trouve.

Décidément ce gnome devenait gênant.

"Je vous ai d'abord proposé une aide "gratuite" parce que vous me la demandiez au nom de votre Commanderie.
Vous réaffirmez votre position en rappelant le nom de la Cité sainte. Vous demandez en outre que je livre quelqu'un à cette Cité qui n'est certainement pas... Celui qui vous a envoyé a dû omettre un détail. Soléandre n'est pas la bienvenue ici. Ses représentants ne sont pas appréciés.

Vous vous offusquez maintenant quand je pose mes conditions? Vous oubliez quelque chose. Soléandre n'a aucune influence ici. Quant à votre Comptoir personnel je peux ordonner sa fermeture.

Les gens qui viennent négocier ici ne viennent pas les mains vides. Vous nous apportez quoi en échange de notre aide concrètement? Votre Soléandre se détourne chaque fois qu'il y a des conflits dans le monde.

Je ne mettrais pas mon réseau d'espions à votre service. Je n'ai pas confiance en les étrangers. La dernière fois fut désastreuse.
Je contôle la région. Vous pouvez en être sûr. Personne ne m'échappe. D'autant plus que la guerre contre Faërun me draine des Forces. Je vous accordais une faveur entre gens de Royaume archands. Mais Votre cœur va à Soléandre c'est inévitable.

Vous recherchez quelqu'un mais vous avez des portraits de lui? Vous pourriez emmener quelqu'un là. je ne saurai pas si c'est bien Gabriel. Ces actions me sont connues. Mais son visage...


De plus il vous faudra une autorisation pour engager cette traque sur le Territoire."

Le roi se comportait enfin comme Qunhae aurait pu l'attendre de lui. Mais il était trop tard pour que Qunhae décide d'un autre plan d'action. Son idée était faite.

Ses protestations d'indépendances, cependant, étaient suspectes. L'influence de Soléandre en dehors des limites de la Cité était nulle. Le Cardinal Blanc complotait depuis des années pour la réduire, et il était doué.
Alors pourquoi le roi rappelait-il ce lieu commun ? Etait-ce une stratégie de négociation ? Une protestation d'innocence ? Pour convaincre qui ?
Qunhae regarda les conseillers du roi. Y avait-il ici des gens qui avaient des raisons de craindre Soléandre ? Cela impliquait qu'ils avaient l'intention d'utiliser la plus noire des magies. La magie du Fléau était la seule qui pouvait expliquer cela.
Ou peut-être que le roi était mal informé. Dans ces contrées reculées, il y avait peut-être des gens qui voyaient encore Soléandre doté de pouvoir temporel et militaire.

Ce n'était pas le sujet.
Premièrement, il fallait apaiser le débat. Montrer que ses protestations ne le mèneraient nulle part.

" J'ai demandé de l'aide en mon nom personnel, votre majesté. Puis j'ai ajouté que Soléandre vous en serai redevable aussi. Comme je l'ai déjà dit "Je ne demande pas d'aide pour Soléandre"
M'aider vous aidera dans votre guerre, comme je vous l'ai dit. Cela étendra votre influence au delà des seigneuries voisines, et cela vous mettra définitivement à l'abri de Soléandre. C'était le sens de mes paroles."

"Vous m'avez demandé de participé financièrement à la traque. Vous savez que les gens que je paye sont à moi. Votre offre était trop généreuse, et c'est pourquoi nous ne l'avions pas proposée. "

J'ai en effet un portrait de celui que je recherche, votre majesté. Le voici, dit le Gnome en tendant le document au roi. Avec votre autorisation, ce portrait sera affiché sur les murs de la ville, mais je doute de l'utilité d'une telle mesure."

"Je n'ai pas l'intention de commencer une traque dans le vide. Mon or serai bien mal employé. C'est pourquoi j'apprécierai beaucoup que vous me fassiez la faveur de me mettre en contact avec les gens qui vous ont parlé de Gabriel. En échange, je partagerai avec vous les informations que nous tirerons de lui lorsque nous l'aurons trouvé."

On apporta le portrait au Roi.

"Hum. Je vois. Le mettre dans toute la région ne serait pas intelligent. La créature saurait que nous sommes à sa recherche.

Le temps passe et des autres affaires m'attendent. Vous pouvez rejoindre votre comptoir. Je vous donne une autre audience demain vers dix heures.Nous y discuterons les modalités de la traque. D'ici là appréciez donc notre Cité.

Vous pouvez vous retirer.Vos appartements vous attendent au quatrième étage. Léorp montre leur."

Le conseiller royal s'avança vers la petite troupe.

Qunhae et les siens suivirent Leorp, et quittèrent le roi avec l'avoir remercié avec profusion.

Mais Qunhae avais le sentiment d'avoir perdu la négociation. Oh, bien sûr, il avait appris quantité de choses intéressantes sur le roi et sa cour. Mais rien qui semble avoir un lieu direct avec Gabriel.

Et une traque ? A quoi bon alors qu'il n'était même pas certain que Gabriel se trouve ici.

L'urgence était donc de se renseigner. Profitant de l'autorisation que lui avait donné le roi "d'apprécier le ville", il sorti avec Tom et ses deux serviteurs. Il fit quelques tours dans la ville, posa des questions banales, comme un marchand qui s'intéressait aux affaires locales. Les gens étaient nerveux à cause de la guerre, mais ils n'étaient pas fermés.

Puis il se rendit dans le comptoir de Baq i Kawten. Là, entouré de gens de confiance, il les bombarda de questions. Sur la fameuse guerre avec Faerûn, notamment. Que savait-on de ce pays ? Des rumeurs sur des anges circulaient-elles ? Il y avait aussi les protestations d'indépendance vis à vis ce Soléandre. Certains de ses conseillers obéissaient-ils à une puissance étrangère ?

Lorsqu'il eut obtenu tout ce qu'il pouvait des Baqiens, Qunhae retourna dans les appartements que lui avait donné le roi pour attendre son audience du lendemain.

La nuit passa sans beaucoup d'événements. La porte des appartements était surveillée par deux gardes.
Dans la salle du Trône, Lënmoth s'entretenait avec une silhouette féminine encapuchonnée.La communication était plutôt bonne.

Le matin arriva. L'heure de l'audience approchait. Hier, un messager avait été apporté au gnome. Il stipulait qu'il devait se présenter avec un plan de traque préétabli. Basé sur des hypothèse certes, mais un plan tout de même.

La suite de Commandeur fut amenée auprès du Roi. La chaise d'ivoire était toujours là. L'audience commençait.

Le lendemain, Qunhae revint dans la salle d'audience. Il avait reçu les instructions du roi d'établir un plan de traque. Quelle traque ? Il en savait toujours aussi peu depuis son arrivée. Même sur la personnalité du roi, il avait des doutes.

"Votre Majesté fut fort bonne et fort généreuse. Votre hospitalité est remarquable. "

"Cette nuit de repos m'a permis de songer à ce que vous avez dit hier. Votre peuple est en guerre, et je ne veux pas que ma quête, même si elle vous apportera un bénéfice certain, ne vous gêne."

Aussi vais-je prendre en charge la recherche de ma proie. Si j'ai besoin de l'aide de vos hommes, je vous le ferai savoir et vous dédommagerai." Il venait de libérer le roi de sa promesse de la veille. En principe, celui-ci serai maintenant obligé d'accepter la promesse, bien moindre, que Qunhae allait demander.

"Vous aviez raison, hier soir, lorsque vous avez dit qu'il fallait agir dans la discrétion. Celui que nous cherchons est après tout un criminel. Il doit se cacher. Je vais donc commencer par m'entretenir avec ceux qui vous ont parlé des anges. De préférence ceux dignes de confiance. Je vais aussi envoyer certains de mes informateurs aux alentours. Des détails qui peuvent avoir échappé aux conseillers de votre majesté peuvent avoir été remarqués par de simples hommes d'armes, qui les ont jugé trop insignifiant pour en faire part à leurs supérieurs."

"Tout ce que j'ai pour l'instant, ce sont les paroles d'un vieux fou resté trop longtemps seul dans un temple. J'ai suivi ces paroles parce que je n'avais rien d'autre. Mais peut-être que cet homme était un indice ? Avez vous des Créationnistes ici ? J'aimerai beaucoup m'entretenir avec eux."

Le roi resta impassible quelques instants. Mais quel imbécile ce gnome! L'Eveillé un vieux fou? Comment les Ténèbres aurait-ils pu être tenus en échec si cette créature de la Lumière avait été un simple fou? D'un autre côté, la naiveté du gnome était source de pouvoir. Il pouvait être utile à Liannara. Se débarrasser de Gabriel, enlèverait une épine du pied, sans aucun doute.

Le soucis, c'est que Armélia est un des Esprits Originels à ne pas sous-estimer. Cela serait fort étonnant qu'elle laisse mourir un de ses enfants. Il fallait la jouer serrée cette partie.

"Vous désirez vous entretenir avec mes conseillers, ceux qui ont vu ou entendu parler des anges. Vous voulez interroger mes soldats. De surcroît, cela implique de circuler librement dans Tyrius. Vous ne pensez pas que ça fait beaucoup? Quelle garanties donnez-vous? Que donnez-vous devant autant de faveur? Vous pouvez être très bien un espion de Soléandre, bien plus important que votre rôle de Commandeur.

Pour le moment la guerre contre Faërun se déroule très bien. Comme vous l'avez dit, il n'y a aucune garantir que ce Gabriel soit ici. Autrement dit hormis avoir des gens fouinant dans tous les recoins, interrogeant tout ce qui bouge, me paraît fort peu accommodant.

Il va me falloir donner quelque chose de valeur en échange de l'autorisation pour toutes les actions que vous avez évoqué précédemment.

En ce qui concerne des créatures ailées. C'est simple. Elles ont été aperçues en Hirtélias. Région actuellement sous le contrôle des Elfes de Faërun, il sera difficile de s'y rendre...