Une croyance fausse largement répandue est de croire que les nains ne sont pas adeptes de la magie. Rien n'est plus faux, car l'ancienneté et l'originalité des nains les a conduit à maîtriser une forme particulière de celle-ci. Contrairement aux élémentalistes, aux illusionnistes ou aux sorciers, qui déchaînent éclairs, feux, et tumulte des tempêtes autour d'eux, les prêtres des runes se contentent de sortilèges moins spectaculaires. C'est sans doute la raison pour laquelle ils n'ont guère impressionnés leurs ennemis, se tenant en seconde ligne sur le champ de bataille, et aidant leurs compagnons de front à mieux tenir le choc.
La magie des runes consiste principalement à attacher un glyphe, un sortilège à retardement à un objet ou à une personne. Celui-ci ne libérera ses pouvoirs que sur demande, ou lorsque les conditions de son déclenchement sont pleinement réunies. Cette vision quasi mécaniste et déterministe de leur magie la rend très fiable et quasiment impossible à mettre en défaut. Mais il est également tout aussi vrai que leurs pouvoirs ne peuvent réaliser avec ceux des grands mages.
Contrairement aux mages également, ils ne refusent pas le combat au corps à corps, même s'ils sont moins doués que des guerriers de première ligne, leurs talents sont loin d'être négligeables, et leur endurance fait d'eux des adversaires respectables, particulièrement pour tenir une position. D'ailleurs, on raconte un jour que des gobelins s'aventurèrent dans la passe de Glascastel, sans savoir que celle-ci était gardée par un glyphe de protection jeté trois siècles auparavant par un sage maître nain. Bien qu'il n'y eut qu'une poignée de défenseurs, l'avalanche de pierre s'abattit sur l'armée gobeline et épargna miraculeusement les gardes nains. Mais le pouvoir des runes peut revêtir d'autres formes, comme déclencher de puissants vents contraires à l'avance d'armées ennemies, ou de raviver les forces des guerriers blessés ou épuisés par trois jours de combat. Certains porteurs de marteaux ou lanceurs de hache virent même leurs armes reforgées, polies et affutées de neuf au coeur de la mêlée au moment où elles auraient du se briser ou s'émousser. D'autres virent les éclats de leurs boucliers et de leurs armures se souder et revenir vers eux, s'ajustant à leur corps avec perfection. Une armée de nains affamée en plein hiver trouva également par la bienveillance et la prévoyance d'un de leur prêtre un festin qui les attendait dans une caverne.
Cela rend toute progression en territoire nain très difficile, surtout s'il est protégé par des enchantements runiques, qui peuvent attendre plusieurs siècles avant de se libérer.
En matière d'architecture et sciences des constructions, les prêtres des runes sont souvent moins doués que la plupart des autres nains ou gens de leur peuple... Cependant, ils aiment enchanter le bâtiment d'une sorte d'aura de chance afin qu'aucun désastre ne survienne, ce qui accorde généralement une bonne longévité au bâtiment. Même si les tours de magie appelées phares runiques tant ils éclairent les vallées sont des constructions très élégantes, elles résistent moins bien à des assauts directs et nécessitent des réparations constantes dans le temps afin de contenir le pouvoir des runes.
Cependant, les prêtres des runes ont bien quelques points faibles, comme le fait qu'ils soient si peu nombreux, et que tuer un grand prêtre est un véritable désastre, étant donné la longueur de leur formation et que bien entendu, aucune ville, aucun royaume nain n'aimerait prêter ou monnayer les services d'un prêtre des runes. Cette tendance à n'accepter aucune aide ou à n'en prêter aucune tend légèrement à l'égoïsme, mais il s'agit plus d'une fierté que d'un reél manque de sympathie. De même, les troupes servant un maître des runes sont tellement loyales qu'il sera difficile de les corrompre ou de les enrôler contre une simple solde. Il leur faut un but et un idéal à servir.
Bien entendu, comme la plupart des nains, l'idée de prendre une charrue et de cultiver un champ ne leur a jamais traversé l'esprit. Cela ne les empêche pas d'être de bons amateurs de bonnes chairs et de boissons, bienfaits de la vie que leur apporte généralement leurs talents runiques. D'ailleurs certains d'entre eux ont inventé des runes assez particulières, afin de contribuer à rendre les festivités naines les plus joyeuses que possible. Il est même dit qu'un prêtresse des runes férue des mythologies anciennes n'inventa pas un tonneau sans fond qu'il était impossible de remplir, mais un tonneau qui jamais ne désemplissait, en inversant le pouvoir de la rune des dieux. Un autre prêtre des runes, fermier à ses heures perdues, fut même à l'origine d'une rune de fertilité, qui permit à quelques champs nains de connaître des moissons abondantes malgré le climat rigoureux sévissant en altitude.